La virilité selon Chloé Lefebvre

Modèle masculin hégémonique, marqué par la fermeté morale, la bravoure, l’appétence au combat, la domination et la puissance sexuelle, telle est la définition de la virilité.

Modèle érigé depuis la nuit des temps, il n’a cessé de croître et de se diffuser au travers des siècles par l’intermédiaire d’une reproduction sociale paternaliste. Posant la norme d’un ethos viril tout puissant, notre société occidentale s’est alors construite autour d’une norme phallocentrée où l’idéal de l’achèvement social serait celui de l’homme fort, vertueux, dominateur et aguerri.

Lorsque l’on parle de virilité aujourd’hui, on considère bien souvent ce terme (notamment au sein des sphères féministes) sous un angle quelque peu hostile et péjoratif. En effet, l’homme viril tel qu’il est représenté dans notre société contemporaine se superpose à l’image d’un homme violent, misogyne, jouissant d’une domination sadique exercée sur le sexe opposé.

Ainsi, puisque nous vivons actuellement dans une société tendant vers un progressisme social où le modèle patriarcal est de plus en plus déprécié et rejeté, il n’est pas rare que certains individus masculins ressentent une sorte de frustration castratrice qui résulterait d’une perte de pouvoir et d’une dégénérescence de leur sexe. De cela, découle quelques fois des comportements fortement violents, agressifs et misogynes de la part d’hommes cherchant à réinvestir massivement leur virilité.

Pour éviter les conflits intersexes, pour échapper au ressentiment des hommes envers une société soi-disant castratrice et pour libérer les femmes d’un sentiment de vengeance envers le sexe opposé, je crois qu’il est nécessaire de redéfinir la virilité aujourd’hui. En effet, nous sommes des êtres historiques, perfectibles, qui tendent vers l’évolution et il faut bien comprendre ici qu’il ne s’agit pas de nier l’existence de deux sexes et toutes les différences physiques et mentales qu’il en découle, mais simplement d’orienter le système social vers l’abandon du modèle de la virilité comme unique modèle de l’achèvement humain.

Je crois qu’il est mauvais et inutile de chercher absolument à abolir la virilité et les valeurs qu’elle déploie. Dans une perspective dichotomique des sexes, on omet bien souvent de rappeler certains principes de la virilité qui ne sont que morale, force et bravoure. Ainsi, dans notre société, il serait à mon sens nécessaire de conserver ces valeurs et de chercher à les transmettre. De nos jours, les garçons, pour construire leur virilité, possèdent une formidable opportunité qu’ils n’avaient pas jusqu’à lors: ils peuvent désormais s’inventer d’eux-mêmes et ne sont plus nécessairement enrôlés dans le piège du phallus tout puissant, despotique et violent.

L’énigme de la virilité se résout alors pour chacun dans une trouvaille qui ne vaut que pour lui, même si elle donne lieu à une reconnaissance par les autres. La virilité ne doit plus être une identité ou une apparence, la virilité doit être un ensemble de valeurs positives qui renvoient à la création de soi et au courage. On peut être fier d’être viril et le revendiquer mais à une unique condition : que cette virilité soit synonyme de valeurs nobles et non de misogynie et d’omnipotence.

 

Cet essai a été écrit par Chloé Lefebvre, étudiante en psychologie.

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