L’analyste financier au sein d’une multinationale comme Danone

Bonjour Samuel Davis. Peux-tu brièvement te présenter en nous parlant notamment de ton parcours académique et du stage que tu effectues actuellement ?

Bonjour,

Mon parcours académique est assez atypique. Pas de prépa, de BBA ou d’école postbac. À l’issue du lycée et un peu perdu dans mon orientation, mais passionné d’histoire, j’ai entrepris cette voie avant de me rendre compte quelque temps plus tard que cela ne sera jamais mon métier. Après un bref passage de 2 ans en droit, j’ai décidé de m’orienter vers une école de commerce en alternance qui avait la chance de proposer des cours financiers (comptabilité, droit des affaires, mathématique etc.) dès la 3e année.

Pourquoi cette école ? Pour la possibilité de faire de l’alternance, car je voulais travailler, j’avais conscience de mes lacunes académiques que je pouvais compenser par ce biais et j’avais entamé cette réflexion relativement tôt en 2012 ; de fait, j’ai effectué un job étudiant au trésor public durant l’été.
Par la suite, j’ai eu la même difficulté que beaucoup d’étudiants auront : ne pas trouver d’alternance.

J’ai donc commencé chez HSBC en banque privée en Intérim, puis BNP et enfin PwC ; les postes allaient de la fiscalité des entreprises très orientés finance chez PwC à de l’analyse crédit chez BNP en sachant que j’ai eu une expérience en audit/comptabilité durant ma 3e année d’étude supérieure.
Par la suite, j’ai occupé deux postes financiers dans deux groupes du CAC40 tous deux en analyse financière : l’un pour mon master et l’autre actuellement à Bruxelles en VIE chez Danone.

Quelles sont tes tâches au sein de ce poste ?

Mon poste se définit eu deux pôles :

  • Un pôle d’analyse pur qui consiste à délivrer des cahiers des charges, des études sur les projets internes du groupe ; de manière concrète, il s’agit de vérifier les aspects financiers des divers projets de réorganisation par entités de mon entreprise pour les Pays-Bas et la Belgique et également que cela soit conforme aux politiques voulues par le siège à Paris.
    En collaboration avec l’équipe des Pays-Bas, j’ai un rôle de support sur des questions financières. Cela peut être du contrôle de gestion au sens large, mais également des demandes plus spécifiques liées au business des entités.

 

  • Enfin, je dois créer des nouvelles politiques financières et tenter d’harmoniser celle déjà existantes entres chaque entités présentes en Belgique et au Pays-Bas tout en m’assurant que cela soit bien compris par les autres fonctions de l’entreprise.
    Pour la partie ci-dessus, je vais donc souvent au Pays-Bas et je réalise des présentations lors des négociations, formations que j’anime avec l’aide de ma n+1.

 

Pourquoi avoir choisi cette position d’analyste financier chez Danone ?

J’ai choisi de m’orienter chez Danone dans un premier temps, car il s’agit d’un brand name puissant. Peu importe le poste occupé, Danone embauche des gens à fort potentiel ; un VIE peut signifier être catégorisé comme un haut potentiel.
Enfin, j’étais à la recherche d’un environnement plus souple avec une grosse partie de formation et de développement de hard et soft skills et nous avons beaucoup d’outil en ce sens.
L’environnement de travail joue un grand rôle, la pression est savamment diluée dans l’équipe, nous fonctionnons en bonne intelligence et avec une bonne cohésion.
Enfin, l’univers Danone est challengeant avec mon poste, je suis à toutes les réunions stratégiques et cela est stimulant et instructif, car on se sent utile et on sent la responsabilité qui émane de nos décisions et les impacts de celles-ci.

 

Quelles sont les trois qualités primordiales pour occuper ce poste, selon toi ?

L’analyste financier doit avoir des qualités d’analyse et de synthèse très développées. Il doit être capable de discerner les informations importantes au sein d’un grand nombre de supports.

 

Pour mener à bien ses missions, il doit avant tout posséder de solides connaissances financières.

L’analyste financier possède une solide culture générale économique et une connaissance pointue du secteur dans lequel il est spécialisé. Il doit être capable d’anticiper les évolutions de son marché. Pour cela, c’est aussi un professionnel ouvert, curieux, à l’affût des nouvelles économiques et financières. Il y a une certaine notion de stratégie d’entreprise : Il est important de connaître les tenants et aboutissants de son industrie.

Il travaille sous pression et doit être doté d’une forte capacité de travail et d’une bonne résistance au stress.

Enfin, l’analyste financier doit avoir une excellente communication orale et écrite. Il doit être capable de s’adapter à des interlocuteurs exigeants qui attendent transparence et réactivité.

Quels sont les trois défauts à ne surtout pas avoir pour occuper ce poste ?

Pour moi, cela se regroupe facilement en 3 points, il ne doit pas :
Manquer de rigueur ;
Avoir peu d’esprit d’équipe :
Être un mauvais communicant.

 

Quelle est la journée-type d’un analyste financier chez Danone ?

 

En Belgique, j’arrive le matin entre 8 h et 8 h 30. Généralement ce moment est passé à lire l’actualité fiscale et financière via la presse spécialisée ou non puis un rapide traitement des mails.
En fonction des sujets en cours, je vais m’organiser pour organiser les priorités le matin : création de recommandations relatives aux projets du groupe, analyses sur Excel et compte rendu de rapports ou de mesures juridiques.
Nous avons ensuite à 11 h 30 un rapide point avec ma manager ou la manager de l’entité Pays-Bas pour nous aligner sur la charge de travail, sur les erreurs ou les cas exceptionnels détectés.
L’après-midi se déroule de la même façon : l‘analyste financier est très autonome.

À la fin de chaque journée, je fournis un point d’avancement sur les sujets. Entre 16 h (le vendredi) et 18 h les autres jours.

 

Peux-tu nous expliquer comment tu procèdes à l’analyse d’une entité de la firme ? Quels éléments analyses-tu ? Qu’en ressort-il généralement ? Peux-tu nous donner des exemples ?

Pour mes missions, je vais dans un premier temps collecter des informations via des outils internes, déjà existants ou que je vais devoir moi-même créer via les outils : nous avons des bilans financiers, des comptes de résultat ou des données non-financières comme le nombre de salariés absents ou les différents statuts juridiques, etc.
Après cette phase, je fais une première vérification sur l’existence d’éventuels cas exceptionnels en interrogeant les directeurs des entités.
Par la suite, je vais faire des analyses comparatives selon des critères que j’ai défini ou que nous avons défini avec ma manager ou autre interlocuteur interne.
Souvent, cette analyse porte sur un secteur défini ou une entité définie et répond à une problématique que nous avons observé ou que les entités et leur directeur marketing, finance ou autres ont décelé.
Je ne peux pas donner d’exemples concrets pour des raisons de confidentialité, mais imaginons que vous soyez directeur d’une BU R&D (Business Unit en Recherche & Développement : Il s’agit d’un ensemble de salariés d’une entreprise qui se sont regroupés au sein d’une unité autonome. Le BU est indépendant en termes de fonctionnement, c’est une unité organisationnelle ayant sa propre stratégie. Elle dispose également de ses propres objectifs à attendre et ses propres ressources pour fonctionner.) et une nouvelle politique ou bien un nouveau projet est en cours. Vous avez un certain nombre de questionnements relatifs à ce projet et vous avez besoin d’un support. L’analyste financier va être ce support sur la partie financière du projet ou sur les modifications que la nouvelle politique pourrait avoir sur la rentabilité par exemple de votre BU (Business Unit ou Unité Commerciale).

Quels conseils pourrais-tu donner à un jeune analyste financier en poste ? As-tu des astuces particulières ?
Je lui dirais de continuellement se former et notamment sur comment améliorer son travail en termes d’efficacité et de rapidité.

Il est important en tant que fonction support de développer sa visibilité et de ne pas hésiter à poser des questions, à énormément communiquer au sein de son équipe et en dehors de son équipe pour comprendre comment apporter une meilleure assistance aux autres unités.
Lors de votre temps libre dans l’entreprise, intéressez-vous à ce que font vos collègues des unités commerciales.
Il est important de ne pas simplement rester à sa place en se concentrant uniquement sur ses propres tâches mais de s’ouvrir aux responsabilités des métiers que nous supportons.

Peux-tu décortiquer pour nous quelques notions financières clés dans une analyse financière ? Comme l’EBITDA, la rentabilité, etc.

Les principales notions financières sont les suivantes :

  • Le BFR (Besoin en fonds de roulement) représente le montant que l’entreprise doit financer afin de couvrir le besoin en cas de décalage de trésorerie. Le BFR sert donc à couvrir un potentiel manque relatif aux dépenses liées à son activité.

Cela se justifie puisqu’une créance n’est généralement pas réglée immédiatement par le client et le stock n’est quant à lui pas vendu immédiatement et cette durée de détention varie, ce qui engagera des coûts et un potentiel décalage de trésorerie : les recettes ne permettront pas toujours de récupérer les dépenses de manière immédiate.
Ainsi ce décalage entre perception de recettes et des dépenses liées au stock vont engendrer un besoin financier que l’entreprise devra financer.
C’est une donnée clé : beaucoup de jeunes entreprises font faillite lorsque cette donnée n’est pas bien estimée car elles se retrouveront « à sec » financièrement et ne pourront plus couvrir leurs dépenses d’exploitation l’année suivante.
Dans le cadre du travail de l’analyse financier, le BFR est un indicateur de santé ; si celui-ci explose cela signifie que des difficultés de trésorerie vont apparaître.
Le BFR seul ne suffit pas : Il se calcule grâce à deux formules comptables : BFR = Actif circulant – Passif circulant ou bien BFR = Encours moyen de créances clients + stocks moyens – encours des dettes fournisseurs.
– L’EBITDA (Earnings before Interest, Taxes, Depreciation and Amortization) ou BAIIA (Bénéfice avant Intérêts, Impôts et Amortissements) en français représente les profits générés par l’activité de l’entreprise indépendamment de sa politique de financements (charges d’intérêts), de sa politique d’investissement (amortissements) et de ses contraintes fiscales. Il s’agit donc du bénéfice le plus brut qui soit.
Cette donnée s’obtient grâce au compte de résultat et se calcule selon deux formules :
EBITDA = Chiffre d’affaires hors taxes – Achat et charges externes – Charge personnel – Autres charges
Ou
EBITDA = Résultat net comptable + charges financières + impôts et taxes + dotations aux amortissements et provisions.
L’objectif de l’EBITDA est de mesurer la rentabilité du processus d’exploitation, autrement dit d’identifier la création de richesse produite par une entreprise dans le but des comparer avec d’autres entités, sur les années précédentes ou bien d’autres entreprises du même secteur.

Quels documents as-tu à disposition lors d’une analyse financière ?  

Nous avons à disposition le bilan, le compte de résultat, le rapport d’activité, les rapports internes et les documents juridiques principalement.

As-tu une ligne stratégique à suivre lorsque tu émets des préconisations ? Celles-ci peuvent-elles avoir un impact sur la stratégie de la société ?

Il est très important pour l’analyste financier de s’aligner à la stratégie de l’unité qu’il supporte. Tout ce qu’il réalise est ensuite envoyé à la hiérarchie, présenté et discuté par lui-même ou par son senior manager à des comités auxquels est présent le top management.

Bien entendu, toujours pour des raisons de confidentialité, nous ne pourrons développer les lignes stratégiques à suivre.

Pourrais-tu nous parler brièvement de la stratégie commerciale actuelle de Danone ? Quels sont les objectifs de la société ?

Danone va accélérer son positionnement sur le végétal : le rachat de WhiteWave via sa filiale Alpro en 2016 va dans ce sens. Il est donc acquis que Danone va accroître son offre produits sur ce segment qui ne cesse de grossir avec une croissance de +25 % en 2018 et + 12 % en 2019 notamment sur l’ultra frais.
Ainsi, il n’est pas exclu que Danone propose d’autre produits végétaux sur d’autres marques qu’Alpro par exemple. Il s’agit ici d’une des stratégies instaurées par Danone : il est évident que d’autres sont actuellement en place que ce soit en termes de gamme de produits, de marketing, de gestion des ressources humaines, etc.

 

Cet article a été écrit en collaboration avec Samuel Davis, étudiant et en V.I.E. (Volontariat International à l’Etranger) chez Danone.

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